Point de vie et points de magie:
Point de vie | 10 |
Points de magie | 10 |
Le physique ne diffère pas entre Sword et Anis. L´un comme l´autre sont assez grands et bien bâtis. Du coup, comme ils ont la même carrure, Anis passe souvent pour une femme à épaules assez forte et à faible poitrine tandis que Sword apparaît un peu mince. Mais les vêtements d´apparats que chacun porte régulièrement masque les ... "défauts" qu´ils peuvent avoir.
Ils ont tous les deux la même chevelure claire, presque blanche, bien que celle de Sword soit légèrement ondulée.
Leur visage est le même, avec les traits très fins, presque parfait, une bouche bien dessinée que met en valeur Anis grâce à quelques couleurs parfois étranges, et des yeux en amande joliment dessinés. La différence visible entre les deux jumeaux est leur iris : celui d´Anis est bleu et celui de Sword est vert.
Comme la plupart des Elfes leurs membres sont graciles et fins. Ils sont tous deux bons à la course à pied et il est difficile de les rattraper.
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Sword est gentil et aimable. Souriant, toujours avenant, les gens viennent souvent le voir pour se confier à lui ou lui demander un conseil ou un peu d´aide. Il demeure calme et posé, rarement un mot plus haut que l´autre sort de sa bouche. Il reste poli, même quand une situation l´exaspère. Rare sont les personnes pouvant prétendre ne pas apprécier cet homme au charisme plus que certain, ni nier ses prouesses à l´épée et dans les illusions.
Cette dernière fait d´ailleurs parti de la zone d´ombre de Sword. Bien qu´il ait toujours voulu être Paladin et que, de l´avis général, il le pourrait aisément, Sword sait pertinemment qu´il ne pourra jamais accéder à ce rêve ; il sent très bien que chaque jour s´écoulant voit sa part d´ombre grandir en lui. Pour preuve, les illusions dans lesquelles il aime se perdre et perdre son entourage lui tire de plus en plus de satisfaction. Et il sait qu´il ne peut lutter contre cela, quelque soit la force de son désir.
Comme tous les Elfes Amahaeng Òsa, Sword reçut la Rune de la Terre comme première Rune. Il est donc en mesure d´envoyer des sorts mineurs de Terre.
Anis est virulente dans ses propos comme dans ses actes. Et elle ne mâche pas ses mots : quelque chose l´énerve elle le dit. Quand quelqu´un a le malheur de se trouver face à elle lorsqu´elle est énervée, il se reçoit une pluie d´insultes en tout genre. Peu soucieuse des bonnes manières, elle sait pourtant tourner ses phrases pour blesser plus profondément encore son interlocuteur.
Anis est aussi de nature impatiente et impulsive. Une situation qui lui pose souci : pas de problème, elle foncera dedans dans le seul but de la défoncer et de continuer à avancer.
Elle est, au contraire de son jumeau, bien peu encline à écouter les autres parler. Elle-même n´est pas très très expansive sur sa propre personne. Elle préférera parler de tout et de rien pendant des heures, jusqu´à ce que son interlocuteur ait oublié sa question.
Très douée dans l´art du mensonge et de la dissimulation, elle n´hésitera pas à faire preuve de sournoiserie lorsque la situation l´exigera. Non pas qu´Anis manque cruellement de franchise, loin de là. Mais elle n´est pas stupide et sait reconnaître un danger réel dans lequel il n´est pas bon de foncer comme elle le fait souvent, d´une situation où la méthode bourrine marche à tous les coups.
Enfin, Anis sait se servir de couteaux. C´est d´ailleurs la teneur principale de ses numéros : elle lance et jongle avec les couteaux comme certains le feraient avec de vulgaires balles de mousse.
Derrière les défauts qu´Anis aime laisser voir et faire deviner, cette jeune femme masque une sensibilité qu´elle juge trop grande. Un esprit cynique lui offre par ailleurs la possibilité d´enfouir plus profondément encore au regard des autres ce qu´elle juge comme une faiblesse.
Et, à l´instar de son frère, Anis possède une part d´ombre très grande et particulièrement effrayante.
C'était un matin d'hiver. Notre mère donna naissance en premier lieu à ma soeur, puis en second lieu à moi. Je le sais, parce que ce fut mon père qui nous le raconta, à ma soeur et moi, un soir alors que dehors il tombait des cordes et que le ciel était si noir que l'on pouvait croire à la nuit à midi.
Notre mère - que les Gardiens aient son âme - mourut peu de temps après nous avoir mis au monde. Mon père nous raconta comment, au terme d'un ultime effort, elle nous donna à chacun un prénom. Vous donner leur prononciation exacte serait trop ardu, la langue commune ne permet pas de les écrire correctement. Mas celui de ma soeur signifie : Vent dans les feuilles de l'Epine Noire. Quant au mien, il veut dire : Lumière qui s'enfonce dans l'abîme des Epines Noires. J'ignore si ma mère avait eu des dons de divination ou quelque chose se rapprochant. Mais elle ne pouvait pas avoir trouvé plus juste ...
Mais l'histoire, notre histoire, ne commence pas là. En réalité, on peut dire que notre vie actuelle, telle que nous la vivons alors, débuta un premier jour de saison de Mandarage. Ma soeur, comme à son habitude après son cours de harpe, s'amusait à lancer des couteaux sur tout ce qu'elle pouvait trouver qui lui servait de cible. Nous étions alors jeunes mais déjà, chacun passionné par les lames ; elle les couteaux et moi les épées. Qu'elles fussent bâtardes ou issue d'une grande lignée de forgerons, à une main ou à deux mains ... toutes les épées me passionnaient. Aussi dès que nous en avions l'occasion, ma soeur et moi nous nous battions, cherchant mutuellement à nous blesser pour prouver notre suprématie sur l'adversaire. Mais nous arrivions toujours à match nul : toujours blessés partout, jamais fatigués et voulant toujours poursuivre le duel que notre père avait alors fait arrêter.
Il y a quelque chose de rassurant dans la routine. L'impression que tout restera comme cela, et donc que nous sommes en sécurité. La vérité, c'est que c'est assez illusoire. La routine est toujours brisée à un moment ou à un autre, nous laissant perplexe, déçu, amusé, brisé. Autant d'émotions qui caractérise notre réaction face à l'évènement avec un grand "E" imprévu.
Chez nous, cet évènement se manifesta de la façon suivante. Le premier jour de la saison de Mandarage, donc, nous étions comme toujours dans un de nos duels dont ma soeur et moi possédions et gardions jalousement le secret. Ma soeur me lança un couteau de façon particulièrement vicieuse et j'eus toutes les peines du monde à l'éviter. Je me rabattis sur le côté, bien décidé à lui asséner un coup du plat de ma lame. Mais quelque chose ne se déroula pas comme prévu. Ma soeur me tomba dessus, nos lèvres involontairement se trouvèrent. Nous voulûmes nous repousser mutuellement - cela ne se faisait pas d'embrasser sa propre soeur ! - mais mes bras ne rencontrèrent que du vide. J'avais beau regarder autour de moi, je ne vis aucune trace de ma soeur. C'était comme si elle avait ... disparu.
[/i]- Non je n'ai pas disparu !!! Mais que s'est-il passé ?!?[/i]
Je sursautais et me pris la tête entre les mains. Je venais d'entendre la voix de ma soeur ... DANS MA TÊTE !!! Plus que tout cela m'affola. Et soudain je perdis conscience de mon corps. Ce fut comme si on m'avait arraché à lui et que je me trouvais désormais dans une prison de noirceur absolue. Je ne comprenais rien.
- Tu ... Tu as vu ? Je suis ... dans notre corps ...
Je pouvais voir à travers mes yeux. Je pouvais sentir les choses, entendre les choses. Mais je ne contrôlais rien. Je ne pouvais pas bouger la main qui se promenait devant mes yeux.
- Que se passe-t-il ?!? Par les cinq esprits de la Terre pourquoi je ne peux rien faire ?!?
- At... attends ...
Je frémis, conscient que mon corps ne répondait pas. Je me rendis involontairement devant un miroir, incapable de tourner le regard pour chercher ma soeur.
- Re ... regarde.
Mon regard alla de mes pieds à ma tête ... ou plutôt des pieds de ma soeur à la tête de ma soeur ! Ce corps que je ne parvenais à contrôler ... c'était celui de ma soeur !!! J'étais dans le corps de ma soeur !!!
- Mais où est le mien, alors ?!
- Tu n'es tout de même pas ...
Je fus soudain propulsé dans le corps de ma soeur. Mon regard se posa sur la glace et, surtout, sur mon reflet. Dans mon corps. J'étais dans mon corps. Mais ma soeur ?
- Je suis ... là ... Et je ne peux ... contrôler ... ton corps ...
- De la même façon dont je n'ai pu contrôler le tien ... J'ignore ce qu'il s'est passé mais ... il semblerait que ... nous soyons deux dans le même corps.
- Mais c'est INSENSE !!!
Je perçus la détresse de ma soeur dans cette simple phrase et cela me fit de la peine. Car, comme la plupart des jumeaux, j'aimais ma soeur. Peut-être différemment que ces gens, c'était vrai. Mais elle restait ma soeur et ... et je n'aimais pas la voir mal, je ne m'en sentais que plus mal encore. Je me retrouvais brutalement dans la prison de néant tandis que j'assistai, impuissant, à la découverte du corps de ma soeur.
Ce fut ainsi que notre vie commença.